Des «Alta-Natives» à l'hôtel

Les nuits nordiques sont incroyables ! Dans la région d'Alta, au nord de la Norvège, des "chambres" spéciales vous attendent. Que cela soit dans un chalet de montagne, une tente typique Lavvu ou encore dans un hôtel de glace, vous vivrez une aventure inoubliable sous les aurores boréales dansantes.

Publication: 2019

Christian Ruch

Historien et journaliste

Christian Ruch est un grand fan de la Norvège et y est déjà allé 15 fois. Avec Franziska Hidber, il a écrit le thriller "Venner" de North Cape Sarganserland (Driftwood Verlag, Chur).

Je m'allonge dans un sac de couchage épais, un autre sac de couchage me sert de couverture. C'est tellement calme, même en Suisse ce n'est jamais aussi calme. Je n'entends que mon souffle. Et de temps en temps, le crépitement silencieux des cristaux de neige. La fraîcheur de la pièce me touche le visage mais ce n'est pas désagréable. Le reste de mon corps est bien au chaud.

Grâce aux deux sacs de couchage, je n'ai pas froid. Il faut préciser aussi que je me suis bien habillé par précaution : deux paires de chaussettes, sous-vêtements courts, sous-vêtements longs thermiques, jeans, pantalons de ski, T-shirt, polaire, veste, gants, bonnet. Je me suis bien préparé et habillé pour passer cette nuit au froid. Des peaux de rennes chaudes sont posées comme matelas et isolant. Il n'y a sinon rien d'autre que de la glace et de la neige. Je passe la nuit à l'hôtel igloo Sorrisniva près de la ville norvégienne d'Alta. La chambre de glace et neige n'a pas de porte de chambre, seulement un rideau. Les bagages sont dans le bâtiment principal, les objets de valeur dans un casier. Tout est parfaitement organisé pour passer une "bonne nuit".

J'ai l'occasion cette nuit de dormir au coeur d'un royaume magique enveloppé d'une lumière mystique, entouré de sculptures et d'ornements fantastiques. Quelques instants auparavant, j'étais émerveillé devant un bateau viking sculpté dans la glace ainsi que le lustre de glace au plafond de la petite chapelle où se tiennent les mariages. Les suites sont également très artistiques et elles ont chacunes un thème différent. Je me ferai bercer par le conte d'Aladin et la lampe magique. Et le froid? On m'a dit qu'il fait environ moins sept degrés dans la chambre. C'est toujours plus qu'à l'extérieur: les nuits sont claires et très froides.

Christian Ruch

« Cette nuit, je suis dans un royaume magique enveloppé d'une lumière mystique.»

Le sac de couchage dans lequel je suis allongé est censé me garder au chaud à moins 25 degrés. C'est rassurant. Je ressens un immense respect pour les explorateurs polaires comme le Norvégien Roald Amundsen, qui a dû supporter des températures beaucoup plus basses uniquement sous des tentes et avec des vêtements beaucoup plus modestes.

5 semaines de travail acharné

Si je tombais maintenant en hibernation, je me réveillerais au printemps dans une prairie verte à ciel ouvert. Car dès les premiers rayons de soleil au printemps l'édifice de glace disparaitra. Seuls les souvenirs et photos resteront à jamais. C'est pour cette raison, que l'hôtel est reconstruit chaque automne. Il y a vingt ans, Sorrisniva était le premier hôtel igloo en Norvège et le deuxième au monde. En cinq semaines de travail acharné, 250 tonnes de glace et 7 000 mètres cubes de neige sur une surface de 2 500 mètres carrés ont mis sur pied cet édifice monumental. La matière première provient de la vallée de la rivière Altaelva juste à côté où se trouve l'hôtel igloo.

Mais je ne dors pas jusqu'au printemps. Le lendemain matin, je retourne dans le bâtiment principal et je découvre trois Indiennes qui partagent un canapé dans le salon chaud et accueillant. J'apprends un peu plus tard, qu'elles ont échangé au milieu de la nuit leur suite contre le canapé chaud.

Synnøve Opgård Andersen, hôte

«J'ai passé la majeure partie de ma vie à Alta et je suis toujours encore une chasseuse d'aurores boréales!»

Elles travaillent dans le tourisme et sont ici pour faire du repérage et voir si l'hôtel igloo Sorrisniva serait attrayant pour les touristes indiens. Je leur demande ce qu'elles en pensent et après un petit moment de réflexion, l'une d'entre elle me répond: "Ça vaut vraiment une visite".

Je leur raconte mon expérience de l'avant-veille en pensant qu'elles auraient préféré être là-bas. J'ai dormi plus en aval au Holmen Husky Lodge. Plus précisément dans une tente traditionnelle appelée Lavvu. C'est l'habitat traditionnel des Sami. Les Lavvus du Holmen Husky Lodge sont cependant adaptés aux besoins actuels : ils sont équipés d'électricité, mais surtout d'un poêle à bois et de couvertures chauffantes afin de rendre l'endroit chaud et agréable. Quand je me suis couché dans mon lit et que le feu crêpitait dans le poêle à côté de moi, mon regard s'est dirigé par la grande fenêtre. Mon regard se perdait dans la nuit étoilée et j'attendais de découvrir les aurores boréales. Bien trop fatigué, je me suis endormi beaucoup trop vite, il faisait si bon.

Le matin, j'ai été réveillé par l'aboiement d'une centaine de huskies. Avec eux, je m'étais rendu la veille au soir dans les forêts idylliques enneigées sur les rives de l'Altaelva. À l'intérieur, les conversations ne tournaient pas autour des chiens - le sujet le plus important était les aurores boréales de la dernière nuit. Apparemment, j'ai dormi profondément dans

Christian Ruch

«Une fin heureuse à mes nuits nordiques comme on en rêve.»

le Lavvu traditionnel et j'ai loupé des choses. Je m'en suis voulu car au cours de ce voyage, je n'avais vu qu'une seule aurore boréale verte et elle a disparu trop rapidement. La première nuit, je suis monté sur une montagne à l'extérieur de la ville sur la motoneige de Synnøve Opgård Andersen jusqu'au point culminant du petit domaine skiable de SarvesAlta. J'espérai voir les aurores boréales. Je n'étais pas le seul, une famille américaine suivait dans une dameuse. 

Synnøve est une hôte exceptionnelle. Toute personne comme moi qui séjourne dans l'un de ses chalets décorés avec soin au Bjørnfjell Mountain Lodge a l'impression de faire partie de sa famille. Rien n'est trop pour elle et sa petite équipe quand il s'agit de rendre les invités heureux. Pour la famille américaine, le téléski a fonctionné toute la journée même si ce n'était pas du tout un jour ouvrable, ils étaient ravis. Si lors de cette dernière soirée au nord de la Norvège, les aurores boréales faisaient une apparition, tout serait parfait.

Synnøve était de bonne humeur. Il avait neigé toute la journée et ce soir, il faisait beau. Nous avions donc de bonnes chances de voir les aurores boréales. "J'ai passé la majeure partie de ma vie à Alta et je suis toujours encore une chasseuse enthousiaste d'aurores boréales! ». L'excitation était grande, surtout pour les touristes américains de Synnøve. Elle avait allumé un feu sur lequel notre dîner était en train de cuire. Il y avait de la viande de renne et du saumon, des légumes et des pommes de terre enrobées de crème et de beurre et roulés dans du papier d'aluminium. Dans la petite cabane à côté, nous pouvions nous réchauffer et prendre quelque chose de chaud à boire. Et on a attendu. J'ai discuté avec les Américains, dont les enfants s'étaient couchés dans la neige pour ne manquer aucune aurore boréale. De temps en temps, ils se mettaient à applaudir, mais malheureusement, c'était à chaque fois une fausse alerte. Le vent est devenu plus fort, la température était de moins 20 degrés, mais au moins le vent a emporté les nuages. Par moment, nous pouvions voir de faibles reflets verdâtres, mais Synnøve n'était pas encore satisfaite: "Si ça ne tenait qu'à moi, nous pourrions rester ici toute la nuit". Même des températures aussi extrêmes ne peuvent pas nuire à son ambition de voir des aurores boréales. Mais elle sait que les aurores boréales sont parfois capricieuses. Quand j'étais de retour dans mon chalet et que je me préparais à me coucher à minuit, on a frappé à la porte.

Synnøve était au pas de la porte et rayonnait. Elle me montra du doigt le ciel, où dansait une lumière verte. Heureusement, les Américains étaient encore éveillés.

Le spectacle final

Le spectacle final a eu lieu lors de ma nuit à l'hôtel-igloo. J'espérais jusqu'au dernier moment car la dernière nuit signifie aussi dernière chance d'apercevoir les aurores boréales. Fort heureusement le ciel était dégagé et les prévisions très bonnes. Un guide expérimenté m'a cherché avec d'autres vacanciers à Sorrisniva et il nous a emmené sur une colline au sud de la ville. Le spectacle a commencé, c'était comme si les aurores boréales avaient deviné que nous souhaitions de tout coeur que cette nuit soit magique. Le ciel s'est embrasé de couleur verte et parfois rose, comme un rideau ou une chute d'eau, les aurores boréales dansaient au-dessus de nos têtes. Une expérience inoubliable. De retour à l'hôtel-igloo, je me suis rendormi très vite grâce à ce spectacle magique des aurores boréales, malgré la température de la pièce. Une fin heureuse à mes nuits nordiques comme on en rêve.


Les 5 points forts

  • Chasse aux aurores boréales : la petite ville d'Alta, connue pour ses conditions météorologiques stables, est considérée comme l'un des meilleurs endroits pour observer les aurores boréales. Conseils : l'alarme de l'aurore boréale Kontiki.
  • Culture des Sami : l'excursion en traîneau à rennes de l'hôtel igloo Sorrisniva et les histoires sur la vie des Sami, entre tradition et modernité.
  • Jusqu'au Fjell : le tour en motoneige (également depuis l'hôtel igloo Sorrisniva) jusqu'aux hautes terres, où des vues fantastiques s'ouvrent vers le canyon d'Alta et l'étendue déserte du Finnmark.
  • Dormir dans un Lavvu d'Holmen Husky Ranch : quand le bois crêpite dans le pöele, et l'esprit se perd dans le ciel étoilé à travers la fenêtre du Lavvu et de temps en temps un Husky aboie: de véritables expériences nordiques !
  • La cathédrale Northern Lights à Alta : un exemple impressionnant d'art religieux contemporain. Le musée situé au sous-sol de l'église informe les visiteurs sur le phénomène des aurores boréales.
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